PAC et PAC-IJ

Qu’est-ce que le programme d’accès communautaire (PAC) ?

Le Programme d’accès communautaire (PAC) a débuté en 1995 « afin de donner un accès à prix abordable à Internet et à ses services et outils » [1]. Il est devenu la pierre angulaire du programme fédéral « Un Canada branché » qui a été lancé en septembre 1997.

Quels sont les objectifs du PAC ?

Les objectifs du programme « Un Canada branché » étaient « d’amener le Canada à être le pays le plus branché au monde et de « devenir un chef de file mondial dans le développement et l’utilisation des infrastructures technologiques afin d’atteindre nos objectifs sociaux et économiques dans l’économie du savoir » [2].

Dans la plate-forme politique du Parti libéral de 1997, le PAC est présenté comme une initiative de développement économique communautaire (DÉC) [3]. En dedans de deux ans, les objectifs du « Canada branché » et du PAC d’assurer l’accès et l’infrastructure pour supporter le DÉC sont passés à l’idée de la connectivité en tant que vecteur de cohésion sociale.

Pour faciliter le défi d’atteindre ces objectifs, le PAC est devenu une partie essentielle de l’infrastructure de nombreuses communautés partout au Canada.

Quels autres programmes sont impliqués?

Le programme « Un Canada branché » incluait également d’autres programmes d’accès en ligne « fabriqués au Canada », comme Rescol, le Programme d’accès communautaire (PAC), VolNet, les Collectivités ingénieuses, ainsi que pour le commerce électronique, le contenu canadien et les projets liés au gouvernement en ligne. De plus, un programme conjoint du PAC, l’Initiative jeunesse du PAC (IJ-PAC), financé par Ressources humaines et Développement social Canada, fournit une expérience de travail payé à des jeunes. Les travailleurs et travailleuses de l’IJ-PAC de concert avec des milliers de bénévoles soutiennent les sites du PAC afin que les collectivités puissent offrir à leurs membres, dont les personnes immigrantes, les personnes âgées, les jeunes, les Premières Nations et les personnes vivant des difficultés économiques et sociales, une appropriation des nouveaux outils de communication.

Comment fonctionne le PAC où sont les centres ?

Les sites PAC, nommés CACI (Centre d’accès communautaire à Internet) sont le plus souvent situés dans des écoles, des bibliothèques, des centres communautaires, et sont gérés par des partenariats entre les gouvernements provinciaux et territoriaux et des organismes à but non lucratif. Avec de nombreux ajustements depuis 1994, le PAC a évolué en 13 projets provinciaux/territoriaux différents. Chaque province ou groupe de provinces suit un modèle différent pour administrer et réaliser ce programme.

Quel est le coût du PAC au niveau fédéral?

Les documents d’Industrie Canada estiment le coût du programme PAC entre 1995-1996 et 2006 à $ 337 200 000 [4]. En 2008, l’initiative « Un Canada branché » a été en grande partie démantelée. Bien que le PAC soit encore en vie, il a connu de grosses coupes budgétaires au cours des récentes dernières années. Réunissant jadis 8 800 sites à travers le Canada [5], le nombre de sites actifs en 2004-2005 était 3 786 [6]. Le programme devait s’éteindre le 31 mars 2004, mais de nombreuses démarches intensives plaidant pour les communautés touchées par ces coupures ont réussi à faire survivre le programme au moins jusqu’à la fin de l’année financière 2008/2009. Toutefois, chaque année est marquée par beaucoup d’incertitude et le renouvellement semble ne tenir qu’à un fil. En 2007, le financement a pris fin le 31 mars et n’a pas été officiellement renouvelé avant le 6 juin laissant ainsi les sites du PAC, les administrateurs des sites, les bénévoles et les utilisateurs à travers le pays au dépourvu pendant 9 semaines.

Plus récemment, les administrateurs ont été informés que, à partir du 31 juillet 2008, le Programme d’accès communautaire, qui a toujours relevé dans du Spectre, des technologies de l’information et des télécommunications (STIT), sera officiellement transféré au secteur des Opérations régionales d’Industrie Canada, assurant que ce n’était qu’un changement interne et administratif qui ne donnerait lieu à aucun changement pour le PAC.

Dorénavant situé au sein d’un département chargé d’encourager le développement économique communautaire, en support à l’économie sociale et à la participation à l’économie numérique, peut-être le PAC a-t-il trouvé un foyer. Garth Graham, l’un des dirigeants de TéléCommunautés Canada, un regroupement national de réseaux communautaires, nous met en garde : « nous devrons attendre de voir si l’orphelin PAC a été adopté par des parents aimant ou simplement entreposé en foyer d’accueil ».

Qui utilise les centres du PAC?

Deux enquêtes récentes ont fourni en détail des caractéristiques sur les utilisateurs du PAC. En 2004, le sondage d’Ekos Research Associates réalisée pour Industrie Canada a recueilli les informations auprès de 7000 utilisateurs [7]. En 2008 des chercheurs de l’Alliance Canadienne de Recherche pour le Réseautage et l’Innovation Communautaire (ACRRIC) ont fait une collecte d’information auprès de 84 utilisateurs de 6 provinces et territoires [8].

Les deux enquêtes ont montré qu’il y avait légèrement plus de femmes que d’hommes qui utilisaient les centres PAC et que de nombreux utilisateurs étaient des jeunes, 41% des personnes interrogées par la recherche de l’ACRRIC avaient moins de 30 ans, 29% des utilisateurs de l’enquête d’Industrie Canada avaient moins de 24 ans.

Les deux enquêtes démontrent que 56% des utilisateurs des centres PAC ont un revenu inférieur à 29 000$. Parmi les répondants à la recherche de l’ACRRIC, près de 26% avaient un revenu annuel par foyer de moins de 9 999$ par année, bien au-dessous du seuil de pauvreté peu importe la définition. Il est ressorti également que plus de femmes que d’hommes gagnaient moins de 9 999$ par année.

L’enquête de l’ACRRIC a aussi mis en lumière que les réseaux communautaires sont largement utilisés par les personnes immigrantes, tant pour les communications et la formation, que pour l’enrichissement social et culturel.

En dépit des bas revenus, les niveaux d’éducation au sein des répondants de l’ACCRIC étaient raisonnablement élevés, avec 25% de répondants ayant un baccalauréat. Parmi les personnes immigrantes, le nombre est passé à 33%.

À quoi sont utilisés les centres PAC ?

Au-delà de l’usage évident des sites PAC pour le courriel et la recherche sur le Web, un nombre élevé de répondants à l’enquête de l’ACRRIC ont indiqué utiliser les centres pour écrire des lettres, rechercher de l’information sur les activités locales, pour la recherche d’information du gouvernement et pour des recherches sur des informations liées à la santé. Les centres sont également utilisés pour faciliter les activités communautaires bénévoles. Le personnel et les bénévoles jouent un rôle crucial pour faciliter ces activités.

Le sondage s’est particulièrement intéressé à la façon dont les centres facilitent les réseaux personnels et l’interaction en personne. Plus de 80% des utilisateurs ont indiqué que l’usage de l’ordinateur les a aidé à rester en contact avec des amis ou de la famille au plan local et à l’extérieur. Il apparaît que les centres jouent également un rôle en aidant les utilisateurs à étendre leurs réseaux sociaux locaux, 49% des répondants ont indiqué que le centre les a aidé à rencontrer de nouvelles personnes, une très bonne indication que les réseaux communautaires sont des lieux de rencontre qui contribuent à la cohésion sociale dans la communauté.

Il y a une grande utilisation de ces centres pour des cours liés à l’emploi et l’amélioration des compétences en recherche d’emploi, 40% des répondants de l’ACRRIC avaient pris au moins un cours au centre PAC [9].

L’importance du PAC

Le PAC est une partie essentielle d’une stratégie nationale en Technologie de l’information et des communications (TIC). Les gouvernements du monde entier ont reconnu leur obligation de remédier aux grandes disparités quant à l’accès aux nouvelles technologies des communications. Le rapport final du Groupe d’étude sur le cadre réglementaire des télécommunications a reconnu la nécessité de poursuivre de telles initiatives au Canada. Le rapport recommande qu’il y ait une stratégie nationale sur les technologies de l’information et des communications (TIC) « axée sur leur utilisation, en vue d’accroître la productivité de l’économie canadienne, le bien-être des Canadiens et le caractère inclusif de la société canadienne » [10].

Il était également souligné que l’adoption d’une telle stratégie devrait être axée sur l’acquisition de nouvelles compétences autant que l’accès physique aux outils. Selon de récentes recherches, le rôle joué par ces nouveaux acteurs sur la scène communautaire semble être beaucoup plus significatif qu’on ne le pensait initialement. Il est de plus en plus évident que ces centres sont d’importants pôles autour desquels les communautés aident leurs membres à trouver une stabilité économique et sociale.

Compte tenu de l’importance de la cohésion sociale comme l’un des objectifs politiques de l’investissement fédéral en matière de programmes de connectivité, de nouvelles évidences quant aux avantages économiques et sociaux doivent être soigneusement prises en compte dans les décisions en matière de politiques sur le rôle que doivent jouer ces services dans les collectivités canadiennes, le niveau de soutien qui devrait être accordé et qui devrait en assumer la responsabilité.

Références

[1] Industrie Canada. (2005a), Rapport ministériel sur le rendement 2004 – 2005. http://www.tbs-sct.gc.ca/rma/dpr1/04-05/IC-IC/IC-ICd4506_f.asp

[2] Manley, John. (1999), « Canada and the Internet Revolution: Connecting Canadians. » Conférence lors de la rencontre annuelle de la Commission Trilatérale, Washington, D.C..http://www.trilateral.org/annmtgs/trialog/trlgtxts/t53/man.htm

[3] Liberal Party of Canada. Securing our Future Together; Preparing Canada for the 21st Century. Ottawa, Liberal Party of Canada, 1997.

[4] Industrie Canada. (2005a). ibid.

[5] Industrie Canada. (2005a). ibid.

[6] Industrie Canada. (2005b). Résultat stratégique : une industrie concurrentielle et des collectivités durables . (Rapport ministériel sur le rendement 2004-2005). http://www.tbs-sct.gc.ca/rma/dpr1/04-05/IC-IC/IC-ICd4503_f.asp

[7] Ekos Research Associates. (2004). Étude d’évaluation du Programme d’accès communautaire (PAC). Industrie Canada. Direction générale de la vérification et de l’évaluation, 16 janvier. http://www.ic.gc.ca/epic/site/ae-ve.nsf/fr/01420f.html

[8] Moll, Marita and Melissa Fritz. (2008). Mapping new territory on-line and off: A snapshot of community network users, their activities and their impacts. Report on the CRACIN Survey of Community Network Users. Forthcomingwww.cracin.ca

[9] Ibid.

[10] Groupe d’étude sur le cadre réglementaire des télécommunications. (2006), Rapport final, Chapitre 1, Industrie Canada. http://www.telecomreview.ca/epic/site/tprp-gecrt.nsf/fr/h_rx00054f.html

Lectures complémentaires

Coleman, Ronald. (2002). “Economic value of CAP sites as investments in social capital” and “Impact of CAP sites on volunteerism.” GPI Atlantic. http://www.gpiatlantic.org/publications/abstracts/econvalue-cap-ab.htm

Moll, Marita. (2007). “The good news about CAP.” Making Waves, Vol 18, No 2 Summer.http://www.cedworks.com/files/pdf/free/MW180210.pdf